Le Passage, ces convois étranges venus des 4 coins de la terre. Leur destination Cadarache, et sur leur route, Lambesc !
Leur but : la construction d’un site visant à étudier la faisabilité scientifique et technique de la fusion nucléaire comme nouvelle source d’énergie. ITER International Thermonuclear Expérimental Reactor (en français pour notre archiviste, réacteur expérimental thermonucléaire international, mais convenez en ! RETI, ça faisait moins sérieux).
David Vincent les a vus. Pour lui tout a commencé une nuit alors qu’il rentrait de son travail aux alentours de Marseille, tandis qu’il cherchait sa route que jamais il ne retrouva.
Cela a commencé par des signalisations inhabituelles, des routes fermées, des lumières dans la nuit, une certaine fébrilité palpable. Un événement nocturne qui rythmera particulièrement les nuits d’une ville pendant 5 ans. Même si l’on se dit que la majorité dort, pour certains loin du passage, même si l’on annonce que les convois ne feront pas particulièrement de bruit, gageons que les presque deux heures annoncées pour traverser la ville (calcul de probabilité en fonction de la vitesse, du poids, de l’encombrement, de l’efficacité de l’équipe de démontage et de remontage des panneaux pouvant gêner le passage , on pourrait ajouter les conditions atmosphériques, les badauds, la sécurité… mais l’article deviendrait trop long ! ) ils risquent d’être des plus épiques et fantastiques à voir ces chiffres impressionnants :
300 convois !
100 convois rejoindront Cadarache par les itinéraires de convois exceptionnels sans aménagement particulier.
Les 200 restant emprunteront l’itinéraire ITER, dont une trentaine très exceptionnels, jusqu’à 61 mètres de long sur 9 mètres de large, 11 mètres de haut et pesant jusqu’à 900 tonnes.
Soit, si mes données sont bonnes, je me pose là ! Et je retiens :
Que si l’on multiplie le nombre de convois par le temps de nuits nécessaires et que l’on divise par 5 ans, on obtient un convoi tous les 10 jours environ.
À cet instant de l’histoire, une pensée me vient, le souvenir d’une phrase de notre ancien maire, Mr Ramon pour ne pas le nommer, qui soutenait mordicus lors de ses réunions pour les municipales tel Khaâ, laconiquement , « ne vous inquiétez pas, ITER va très peu impacter LAMBESC ». Ben, dis-donc, qu’est-ce qu’il lui fallait ? À croire que les équipes en place à cette époque n’étaient pas impactées par grand-chose.…
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Plus de deux ans de travaux sur la commune, qui pour certains concédons le, auront permis l’enfouissement de réseaux, des aménagements paysagers, d’abord de route, de trottoirs durement gagnés pour certains. Pas moins de 6 ouvrages d’art sur Lambesc :
- OA 11, aménagement d’un pont sur le canal de Marseille RD 15
- OA 12, construction d’un pont provisoire sur le chemin de Sufferchoix
- OA 13, renforcement d’un pont sur le Lavaldenan
- OA 14, reconstruction d’un pont sur le Lavaldenan
- OA 15, renforcement d’un pont RD66 – Caireval
- OA 16, reconstruction totale d’un pont RD67 – Résistance
Sans compter les aménagements des ilots centraux giratoires, la création d’une piste provisoire en contre-allée pour préserver les platanes en sortie de Lambesc direction Mallemort, et sans oublier surtout l’impact très important sur le travail des services (interfaçage et contrôle des finitions des travaux) et la perturbation pendant 18mois sur le trafic routier et piéton. On a fait le tour ? Non ?
Au total, 6 km de voies empruntées sur la commune, dans la commune ! Pas sûr qu’au point de vue impact, on ait tiré notre épingle du jeu. Mais pas de mièvres lamentations ; ce qui est fait est fait.
Mais au grand dam des têtes pensantes, des ingénieurs, des chercheurs, des grenelle de l’environnement, de la fonte des neiges, de la déforestation, du dilemme existentiel des ours polaires sur les banquises, du projet ambitieux de reconstituer sur terre l’énergie contenue au cœur du soleil et des étoiles pour la transformer en électricité…
J’veux des réponses :…
Où ? 100 km d’itinéraire entre Berre et Cadarache, traversant seize agglomérations.
Quand ? Les dates initialement prévues, pour les passages des convois tests, étaient pour le début d’été 2009. Les verrons-nous d’ici la fin de l’année 2010 et dans quelles conditions : la nuit ? Le jour ?
Et la valse folle des vrais convois ? Début du bal 2011 ou 2012 ?
Et le retour des convois ? 300 aussi ! CQFD. Comment ? Quand ?
Et le démantèlement des infrastructures ? Avant ou après la période d’essais, c’est-à-dire dans plus de 20 ans.…
Si le budget initial était de 10 milliards d’euro, il aurait était multiplié par deux avec 40 % à la charge du pays hôte !
Au final combien coûtera ce projet pharaonique à la région ?
Des retombées économiques, d’emplois ? La région PACA peut attendre entre 2 et 3 mille emplois locaux. Belle embellie en pleine période de récession !
Et de retombées écologiques, de santé publique et d’un point de vue mécanique, comment ça marche ? Si Deutérium et Tritium sont dans une chambre de confinement, qui s’échappe en premier ? Qui coûte le plus cher, la sauce ou le rôti ?
Bref, vous l’aurez compris, le but n’est pas d’arrêter le progrès, mais de faire un état des lieux, tenter d’avoir des informations plus pragmatiques dans cette nébuleuse, histoire de rassurer ou d’alerter. Car n’en doutons pas, ce n’est que le début ! ITER n’étant qu’une expérimentation en attendant DEMO*….
Mais rappelons-nous « il faut toujours viser la lune car même en cas d’échec on atterrit dans les étoiles. »
Sources : www.itercadarache.org, http ://fr.wikipedia.org/wiki/iter, http ://www.paca.equipement.gouv.fr/rubrique.php3 ?id_rubrique=195, Oscar Wilde, David Vincent
*DEMO : réacteur expérimental construit par la suite, pour tester la faisabilité d’une production d’électricité par fusion nucléaire, 1500 mégawatts contre 500 pour ITER.