Au mois de Novembre 2005, éclatait ce que l’on a appelé «la révolte des banlieues». Chacun s’est senti concerné, insécurisé, bouleversé, voire révolté devant les images de violences et de dévastation que nous déversaient, à flot ininterrompu, et avec complaisance, les médias. Les analyses qui ont suivi ces événements ont révélé une facette inattendue et des questions sur cette jeunesse qui a tant fait parler d’elle.
En effet la grande majorité des adolescents interpellés alors, n’était pas connue des services de police ou des différents organes du ministère de la justice. Mieux même, ils étaient pour la plupart « insérés », c’est-à-dire scolarisés, en formation professionnelle ou en apprentissage.
La thèse du jeune immigré, refusant de s’intégrer, en révolte contre les valeurs fortes de notre nation, vacillait. Manipulation des divers hommes politiques de tous bords afin de nous maintenir dans un état de pression permanente? Manipulation de nos angoisses profondes? Utilisation de notre peur de perdre un peu de ce que nous possédons ?
Toutes les hypothèses sont possibles, mais la question reste ouverte sur les raisons de cette explosion de notre jeunesse et sur l’absence de réflexion qui succède à la répression.
Alors, si nos représentations s’écroulent,si ces adolescents que l’on croyait bien en chemin pour devenir des citoyens responsables se révoltent violemment, peut-être, serait-il temps de réfléchir au monde que nous leur offrons, à l’attention que nous leur portons.
Le maire de Lambesc semble avoir trouvé la solution à un problème dont personne ne sait s’il est réel dans notre commune. Il propose, à l’instar des villes de Grans, Sénas et d’ailleurs, l’installation de caméras de vidéo-surveillance. Mais, y a-t-il problème de délinquance dans notre cité ? Monsieur le maire, sur ce sujet comme sur bien d’autres reste muet ! Si tout est calme, pourquoi dépenser les deniers publics inutilement ? Si la situation nécessite l’emploi d’un tel matériel, nous sommes en droit de savoir ce qui se passe réellement. Aucun chiffre, aucune indication, le silence… Que faut il en penser ?
Quelques caméras et l’augmentation des effectifs de la police municipale ne répondent pas à cette question.
Quelle réflexion a prévalu dans notre commune sur ce sujet ? Bien sûr, Lambesc n’a heureusement pas connu ce genre de débordement. Mais à l’heure de son développement à tout va, nous sommes en droit d’interpeller le premier magistrat de la ville.
Car depuis des décennies, chacun sait que, ce que l’on nomme «le malaise des banlieues » a des causes identifiées.
En voici quelques unes :
- Le développement et la voracité immobilière de villes ou de quartiers dortoirs qui ont oublié de placer l’humain en leur centre
- Un éloignement des lieux de travail qui impose aux adultes des horaires astreignants et des plages de temps d’absence de leur domicile de plus en plus grandes.
- Des enfants livrés à eux même,sans but,dans des quartiers sans vie,sans âme.
- Une société sans adultes,ou personne ne prend plus le temps de se soucier des autres.
Bien d’autres éléments pourraient s’y ajouter et être développés. Mais, si nous observons plus attentivement la vie de notre commune, ces quelques points pourraient fort bien s’y appliquer. La population s’accroît rapidement, les lieux de travail sont éloignés. Qu’offre-t-on en retour à la population, à ces jeunes qui sont notre avenir ?
À Lambesc peu de choses, en dehors d’initiatives de bénévoles qui travaillent avec foi et conviction dans les associations.
Pourtant, il y a quelques années, un Conseil Communal de Prévention de la Délinquance (dénommé actuellement Contrat Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance) avait été souhaité par la municipalité actuelle. Ce conseil regroupait des élus municipaux,les représentants de l’état, les responsables des divers organismes sociaux, les représentants des associations. Son but était de faire un état des lieux de la délinquance, des problèmes créés par les incivilités, de proposer et de mettre en place des actions de prévention sur le territoire communal.
Ce conseil, après avoir été officiellement mis en place n’a plus jamais été convoqué. N’avait il aucune utilité ?
Il serait prétentieux de croire que notre cité vive dans un calme tel, que de se préoccuper de notre jeunesse et de nos concitoyens soit inutile.
Que se passe-t-il d’ailleurs réellement à Lambesc. Aucun chiffre,aucune indication quant à d’éventuelles craintes.
Les effectifs de la police municipale vontaugmenter… Pourquoi pas, si cette évolution se place dans un effort de prévention et d’encadrement des risques liés aux jeunes.
Par ailleurs, qu’offrent donc nos élus aux jeunes Lambescains ?
- Une médiathèque qui ne répond plus aux besoins,
- Une salle de spectacle dépassée,
- Une M.J.C avec des locaux misérables,
- Des salles de réunion vieilles et inadaptées,
- Pour les adolescents,un point jeune délaissé et sans moyens,
- Un soutien aux associations a minima,
- Un budget du C.C.A.S qui n’a pas été réévalué depuis des lustres.
Un autre exemple caractérise cette absence de vision à moyen et long terme, et le peu d’intérêt accordé à notre jeunesse :
le maire de notre petite ville refuse d’adhérer à une association salonnaise fort connue pour ses interventions dans le cadre de diverses préventions. Cette association, travaillant particulièrement au sein des collèges, met en place des actions contre le tabac, les drogues, pour la prévention du suicide et les groupes de paroles adolescents. Elle propose aussi la mise en place de groupes de rencontre et de parole pour parents, afin d’échanger, de se rencontrer, de se parler face aux diverses difficultés que rencontre chaque parent face à ses enfants.
Pourquoi les Lambescains ne sont-ils jamais informés voire associés aux décisions concernant notre jeunesse, à ce que nous lui offrons pour son présent, pour notre présent,pour son avenir,pour notre avenir.
Ce désintérêt de l’équipe municipale sur ce sujet nous inquiète profondément.
Et au delà des considérations matérielles et financières, Lambesc Autrement demande qu’une réflexion approfondie soit menée pour engager des actions durables et cohérentes.