Un événement majeur s’est produit au cours du Conseil Municipal du 4 février : la délibération décidant de la vente par la Commune à la société Bouygues Immobilier, de la majeure partie de l’ancienne usine Beaudoux située route de Caireval, au coeur du village. 140 logements « de standing » y seront construits.
Il s’agit d’une vente sans zone d’aménagement concertée (ZAC) et la Commune, au delà des exigences du POS, n’aura donc que peu de contrôle sur la qualité des constructions qui seront réalisées. Cette vente intervient moins de 9 mois (délibération du 5 juin 2003) après que la Commune ait cédé pour 228.674 Euros à la Compagnie Lyonnaise d’entreprise 4528 m2 de terrain de l’ancienne Usine Ours où seront également réalisées des opérations immobilières à vocation purement résidentielle.
Ces deux anciennes usines avaient été achetées par l’ancienne municipalité, au début des années 1990, pour en faire des réserves foncières pour des opérations futures d’intérêt général… A cette époque l’achat de Beaudoux s’était fait avec transfert des activités agro-alimentaires de la société « la Monégasque », qui occupait ce site, sur la
ZA de Bertoire où elle est encore (cf.encadré au dos).
Nous avons décidé de réaliser un numéro spécial de l’Autrement consacré à ces friches industrielles parce que nous pensons que ces ventes constituent de très graves erreurs pour l’avenir de Lambesc.
En premier lieu nous souhaitons vous faire connaître, ou vous remémorer , la richesse de l’histoire humaine, économique et sociale de ces sites qui ont, avec quelques autres (notamment l’ancienne Usine Barbier Dauphin qui était sur la place des Etats Généraux) rythmé la vie de la Commune à travers tout le 20ème siècle.
En second lieu nous voulons vous rappeler l’extraordinaire atout que peuvent représenter ces friches pour un Lambesc qui déciderait de travailler à la construction de son propre avenir économique et humain et refuserait de servir uniquement de ville dortoir à la mégapole qui se construit à grande vitesse dans le triangle Aix-Vitrolles- Marseille.
Ce Lambesc là aurait une autre « ambition » que celle de vendre son patrimoine, sans réaliser le déséquilibre financier que cette manne illusoire induira rapidement dans les comptes de la Commune de par la nécessité de financer les équipements publics nécessaires à l’accueil des nouveaux habitants. Et sans imaginer les impacts humains et sociaux négatifs de ce « ghetto de luxe » au coeur du village…
Cette ambition, cette autre voie pour l’avenir du village au 21ème siècle, ce Lambesc debout,actif,ouvert,animé,responsable et solidaire a toujours été et demeure au cœur du projet de Lambesc Autrement.
Construire une page essentielle de l’avenir du village sur les racines même de son passé économique et humain n’est pas une illusion romantique et irréaliste mais au contraire une manière raisonnable de contribuer à sauvegarder un avenir de qualité pour notre communauté humaine.
C’est une évidence de dire qu’en cloisonnant et en spécialisant l’espace et le temps, le développement économique actuel a tendance à éloigner les hommes les uns des autres, à distendre la convivialité, à renfermer l’individu sur lui-même, à générer l’indifférence et le mal vivre.
Lambesc a des atouts extraordinaires et nombreux pour résister à cette tendance. Avec ces friches historiques , le village a dans ses murs mêmes, une opportunité formidable pour concilier,dans des espaces de qualité,des activités économiques d’avenir (dont certaines seraient dans le prolongement d’activités traditionnelles du village), avec des espaces socio-culturels et un habitat garant de mixité sociale. C’est à la Commune de conduire cette action.
Chaque jour 80% de la population active de Lambesc n’a d’autre choix que de se rendre dans les bassins d’emploi d’Aix, de Vitrolles et d’ailleurs : nos friches sont un atout exceptionnel pour travailler à la reconquête de plus d’autonomie économique et sociale et de davantage de qualité humaine : il ne faut pas gâcher cette chance.
Sans cette résistance, sans véritable projet de développement durable pour notre village c’est à dire sans volonté d’y bâtir un avenir économique et social à la fois résolument tourné vers le 21ème siècle et sachant préserver et valoriser ses richesses économiques,environnementales, patrimoniales et humaine de son histoire, notre cité sera
devenue dans 15 ou 20 ans une petite ville “proprette”et sans âme dans la grande banlieue d’Aix en Provence… Mais que restera t’il alors, à Lambesc, au milieu des résidences de luxe avec code d’accès de ce qui y a si longtemps fait la qualité de la vie et qui s’appelle le lien social ?…
R.C.